Mais non, tu n’es pas grosse !

Les chroniques de So
Quelques kilos de trop...

 

Mais si bien sûr que je suis grosse ! Mais oui, j’ai vingt kilos au-dessus de l’indice machin truc, que cela vous plaise ou non.

Merci de votre bienveillance à essayer, coûte que coûte, de me prouver que mes rondeurs me vont bien, que je n’ai jamais eu l’air aussi épanouie, que…

 

Stop !

 

Pouvez-vous prendre un moment pour entendre ce que je vis avec mes bourrelets si jolis ? Accepteriez-vous de prendre quelques minutes, juste, pour écouter qu’il y a des choses qui accompagnent mes bouées d’amour ?

 

J’essaie de vous dire que ces courbes, trop généreuses à mon goût, cachent des secrets qui ont du mal à sortir. Mais vous, vous me clouez trop souvent le bec avec les théories qui sont sensées faire du bien.

 

Laissez-moi dire que j’ai trop de kilos !

 

Jamais je n’ai entendu qui que ce soit soutenir un fumeur à accepter sa dépendance. Jamais je n’ai entendu qui que ce soit conforter un alcoolique dans son malaise éthylique. Alors pourquoi s’acharner à m’expliquer qu’il faut que j’aime ce corps qui n’en peut plus de se déplacer, qui a perdu de sa souplesse, qui a perdu son envie de s’habiller. Ce corps qui vit comme une torture l’idée de se mettre en maillot de bain, qui vit l’angoisse de se dévoiler dans l’intimité.

 

Pourquoi vous est-il si difficile d’accepter l’autre qui est dans la souffrance de son image ?

 

Ah bien sûr, je pourrais faire un régime !

C’est vrai que je pourrai faire un effort. Je me plains alors que tout est en moi, que j’ai toutes les solutions, toutes les réponses aux questions… Et bla et bla et bla… En plus des régimes, il en existe des tonnes, alors il y en a obligatoirement un pour toi. Tu ne fais pas d’effort non plus !

 

Ce type de réflexion fait autant d’effet que le « secoue-toi ! » à un déprimé. A-t-on si peu de compassion pour l’autre que nous sommes incapables de l’accueillir dans sa faiblesse ? A-t-on si peu de compassion que nous nous sentons obligés de nier la faiblesse de l’autre.

 

Et j’ai bien parler de compassion. La pitié, ça va, on en bouffe assez. Et, ça, c’est clair que ça nous fait gonfler à vue d’œil.

Rassurez-vous ! Le kilo de trop n’est pas  contagieux ! Ce serait trop beau !

Vous imaginez, à chaque empoignade, câlin, baiser et hop ! Tiens voilà un kilo huit de refourguer ! Ah ! Ah ! Ah ! J’adore l’idée. A la une du 20h : on note une recrudescence d’attaque de gros à la sortie du métro.

 

 

Allez, plus sérieusement, posez votre cerveau. En ouvrant vos oreilles, ouvrez votre cœur et accueillez celle ou celui qui vous parle à cœur ouvert de ce dont il n’est pas fier. C’est peut-être la première et meilleure façon de le soutenir dans son acceptation de ce qui est.

 

C’est peut-être ce que veulent dire ces kilos trop nombreux : "Ecoutez-moi un petit peu. Un tout petit peux."

 

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