Comment va votre humanité ?

Salut les gens !

Alors ça déconfine ? Comment ça se passe pour vous ?

Parce que pour moi……………………. Aouch !

Aouch et pas que !

J’avais commencé par l’incertitude : sortir ou pas de mon chez moi, de ma bulle. Après une petite dose de colère s’est invitée – non, je ne porterai pas ce ridicule masque, même si on m’en offre des tas et des jolis ! Merci mais non merci.

 

Puis il y a eu la joie de retrouver ma fille, de s’embrasser, se câliner, se bisouiller. Une bulle de douceur qui arrive comme un cadeau, comme un masque sur mes questions incertaines et colériques.

Et il y a eu la photo de ces gamins dans leur cour d’école. Ils étaient parqués dans des enclos dessinés à la craie. Sagement posés là sous l’autorité d’ordres imbéciles, sagement respectueux de la machiavélique peur des adultes. La sidération devant cette image m’a fait faire un saut dans le futur avec de nouvelles questions : quels adultes vont-ils devenir ? Quelles valeurs vont-ils récoltés dans cette récréation parquée ?

 

Et j’ai pleuré.

Une pause sur le canapé s’imposait pour le plus grand plaisir de mes colocataires félins. Des larmes et mots se sont mis à couler. Il y a eu aussi ce projet de visite d’un lieu dans les Cévennes qui s’estompe au fur et à mesure des ordres, contre-ordres... Le verdict tombe : pas plus de 100km. Je ne serai donc pas de la fête, je dois accepter que les sinistres, « pour le bien de tous », viennent de faire disparaître un paquet de libertés...

Aucune des boules de poils n’a eu envie de prendre position. Ils m’ont laissé déverser tristesse, colère et peur. C’était mon cocktail de mardi !

 

C’est l’appel d’une amie qui a mis fin à mes ruminations. Mes mots trouvaient écho. Mes émotions ont trouvé écho et nous avons partagé nos expériences, nos sensations de confinées en mode déconfinage. Cela ne m’a pas sortie de mon blues, mais c’était plus doux, plus supportable, tolérable. Mes larmes étaient passées de gros temps à crachin !

 

Jeudi, cercle de parole avec les Femmes et Hommes à la Source. Nous étions - : trois sur écran et trois dans le salon. Nous avons commencé par un tour de météo intérieure… Comment va-t-on de dedans ? Et J’ai partagé mes peurs, je suis allée plus loin dans mes inquiétudes. En leur parlant, en les écoutant, quand mon tour arrivait je descendais plus loin, plus profond.

 

Puis nous avons ripaillé. Autour de la table ronde, la joie et le plaisir d’être ensemble étaient bien présents, mais il y avait tout un tas de questions. Des questions pas toutes empreintes de légèreté et d’insouciance. Le monde des Bisounours avait la gueule de bois ! Les Bisounours venaient de prendre une grande claque. Et pas qu’une ! Une petite série de claques… La question qui revenait était de savoir comment allait-on pouvoir faire ? Comment allons-nous rebondir ?

Nous étions nombreux dans mon monde à croire en ce changement, à croire que la sidération du confinage allait être assez forte pour qu’il y ait des prises de conscience, des remises en question. Force est de constater que, malgré tout, certains se sont rués chez Mac Do, d’autres ont fait la queue devant H&M, beaucoup masqués par de petites mains bénévolement gratuites… Pendant que les anciennes collègues couturières étaient aux prises avec la répression des fraudes pour vente de masque non conformes...

Il y a ceux-là bien sûr, mais il y a aussi les sinistres qui font des lois qui se répandent aussi vite et bêtement que ce virus. Des lois liberticides comment on n’avait pas vu depuis longtemps. Incroyables, même, qu’en on y pense un peu ! Pas de déplacement, pas de rencontres, pas de plage… Pas de plaisir ! Finis les plaisirs simples et gratuits ! Ça suffit, il y a urgence à relancer l’économie !

 

Bas les masques !

Masque que je n’en porterai pas.

Je refuse de voiler mon sourire. Je refuse de jouer à cache-cache. Ce serait comme faire disparaître une part de mon humanité, mais il m’en fallait encore plus pour faire déborder mon vase !

 

Juste quelques gouttes !

 

Nous étions donc là autour de cette table à nous demander comment maintenir le cap vers une humanité portant les valeurs qui nous chérissons : le respect, l’écoute, la solidarité, le partage, le soutien, la tolérance, l’humilité, l’authenticité, l’émerveillement, la gratitude, l’équité, l’engagement, la simplicité, l’hospitalité, la confiance, l’intégrité, l’humour, la joie …

 

L’Amour, quoi !

L’amour inconditionnel, même !

Comment peut-on faire ? Assises à 3 autour d’une table, ça semble compliqué, de grossir les rangs faute de lois liberticides...

 

Et en même temps, ils ne peuvent pas nous enlever le bonheur du temps partagé, du plaisir simple d'être ensemble.

Oh combien cela fait du bien d’être ensemble !

Combien cela nourrit de partager ces émotions !

Combien c’est puissant de se rencontrer dans nos vulnérabilités !

Combien c’est riche de se sentir entourée et soutenue dans ses doutes et ses espoirs !

Combien cela fait du bien au cœur de sentir appartenir à un clan, à une tribu !

Combien s’est bon de se sentir entourée !

Combien c’est bon d’être accueillie dans ses doutes, ses peurs, ses rêves !

Et il y a eu cette téléphonade avec cette autre amie, une de celles qui crée et porte des événements durant lesquels les gens se rencontrent, partagent, grandissent ensemble. Sauf que, aujourd’hui, elle baigne dans le doute. Est-ce qu’il ne nous faut pas aller encore plus loin dans la noirceur pour que le Phénix se réveille, se relève en chacun de nous ? Ne serait-ce que le début d’une dégringolade vers plus noir, plus dur, plus sombre ?

Elle est pourtant de celles et ceux qui croient en le vivant. Je suis de celles et de ceux qui croient en l’humain et pourtant…

Puis nous avons continuer à jaser, à partager nos idées, nos doutes, nos émotions, nos questions, nos peurs, nos espoirs. Dans les questions, il y a eu celle de se demander l’utilité de mettre encore de l’énergie dans la création d’un événement pour se faire du bien. A quoi bon ? A quoi bon quand on regarde les files d’attente de consomme-acteurs masqués ? A quoi donner de l’énergie dans un monde gouverné par de sinistres individus ?

Là, mon neurone n’a pas eu le temps de réagir, l’idée que cette femme puisse imaginer baisser les bras m’était insupportable !

Ok, si nous devons aller plus loin dans l’ombre, allons-y !

Et quitte à partir dans la noirceur de l’humanité, allons-y, mais en conscience.

 

Puis une curieuse idée s’est invitée : qu’est-ce que je voudrais sauver ?

On ne va pas se masquer la face, on sait que dans ce genre d’aventure on ne sait pas ce qui va survivre, ceux qui vont s’en sortir. On ne sait pas comment nous allons nous relever, nous révéler de cette descente dans nos enfers, dans la noirceur de notre humanité.

Une envie, comme un rêve, s’est imposée. Je voudrais que nous mettions à l’abris nos valeurs les plus belles, les plus douces, les plus porteuse d’espoir. Comme si on vous offrait un court instant pour vous demander que voudriez-vous sauver de l’incendie, l’inondation ou je ne sais quelle catastrophe ? Avant cette traversée du côté sombre, quelle valeur voudriez-vous sauver ?

 

Vous savez, comme Vandana Shiva collecte les graines anciennes, quelles graines d’humanité voudriez-vous sauvez ?

Quelles valeurs humaines voulez-vous protéger pendant ce chaos ?

Quelles graines d’humanité voulez-vous porter à la lumière ?

 

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Rita (lundi, 18 mai 2020 16:44)

    Merci pout ton texte qui invite à la réflexion. Que dois-je laisser derrière et que dois-je sauvegarder? Dans les transitions de vie c'est exactement ça: se redéfinir à partir de notre essence.

  • #2

    Colin christine (lundi, 18 mai 2020 18:43)

    Merci Agnès pour ce partage. C’est une vraie question pour moi. Quelles graines ai je envie de sauvegarder, comme ça dans la survie sans réfléchir ?
    Je vais marcher et laisser émerger les mots, les images pour les garder précieusement dans ma petite boîte à graines.
    Gardienne de graines pendant le chaos? Laisser la place à cela? Mon corps ne se ferme pas alors à suivre dans le partage ���

  • #3

    Nadine Roman (lundi, 18 mai 2020 19:41)

    Je voudrais partager le plaisir de donner et celui de prendre. Je ne sais pas très bien exprimer ce que je ressens mais je suis sûre que tu comprends. J'en pleure tellement l'émotion est forte !

  • #4

    Yveline (lundi, 18 mai 2020 21:46)

    Merci Agnès pour ce message plein de lucidité ! Je crois que le doute nous invite à interroger l’Essentiel en nous et de là les graines précieuses émergent comme des évidences de ce qu’il faut nourrir.... ou laisser mourir ! Pour moi les choses s’éclairent. À très vite pour une nouvelle telephonade !! Des bisous

  • #5

    Marina (lundi, 18 mai 2020 23:26)

    -La graine de l’émerveillement : j’ai aidé mon frère à retourner sa terre ce week-end et à planter plein de choses; j’ai hâte d’entretenir et voir pousser. Ce soir, j’ai de nouveau embarqué pour un nouveau groupe en ligne avec des femmes pour poser cartes sur table et parler de notre désir de maternité....avec toutes les questions et problématiques qui vont autour! Quelle joie et quelles énergies qui circulaient!!! Idem avec le groupe de rêveurs de vendredi dernier! Quelle magie, quelle alchimie!!! Nous nous sommes fait tellement de bien les unes les autres : on avait des étoiles dans les yeux, une reconnaissance incroyable pour les partages si nourrissants, et l’envie féroce de se retrouver très bientôt pour avancer ensemble, un pas de plus!

    -La graine de la création et de l'esthétisme : penser ce petit bout de jardin pour le rendre fonctionnel, mais aussi pour avoir le plaisir de faire une belle disposition. Planter des pieds de lavande au milieu des coquelicots, le long du mur. Le plaisir d’ouvrir le frigo et de voir ce que je peux créer pour régaler mes papilles. Le plaisir de me laisser porter par mes bols tibétains et mon tambour et laisser s’exprimer les sons et rythmes, la douceur ou la puissance, sans attentes.

    -La graine de la tolérance. Envers moi-même et envers les autres. J’accueille mes zones d’ombres, je les embrasse, j’en prends soin. Et comme toi, je fais appel à une amie quand ça va moins bien.

    -La graine du lâcher-prise. Seul le présent compte; je n’ai pas d’emprise directe en me questionnant indéfiniment sur les milliards de scenarios qui peuvent se produire. J’avance un jour après l’autre, dans mon univers, avec les personnes significatives pour moi. Et je me focalise sur le fait d’entretenir le plus souvent possible un état d’esprit voyant mon verre à moitié plein. �

  • #6

    Martine (jeudi, 21 mai 2020 12:24)

    La Tendresse ma belle amie Merci pour ce texte sensible de sincérité